DE QUOI PARLE-T-ON ? En psychologie, la résilience est la capacité à surmonter un évènement tel que le deuil, la maladie, la violence, la guerre, sans tomber dans la dépression. On apprend à vivre avec et à rebondir pour se sortir grandi de l’épreuve rencontrée du traumatisme.

Le terme résilence provient du terme latin « resilir » que l’on peut traduire par re-bondir, re-monter.

Chez les personnes résilientes, nous retrouvons certains trais de caractère communs tels que :

  • Maturité précoce,
  • Tendance à relativiser les problèmes du quotidien,
  • Se sentent à la fois plus fortes et plus faibles que la moyenne. Selon J. Lecomte, psychologue « les résilients sont des diabétiques de l’âme », jamais complétement guéris mais stabilisés au point de pouvoir mener une vie presque normale,
  • Tendance au perfectionnisme,
  • Gentillesse, besoin d’être aimé, de plaire, sans peur du rejet d’autrui,
  • Sentiment d’une mission à accomplir,
  • Hypersensibilité et écoute d’autrui.

L’OXYMORON

Ce terme permet de mieux comprendre le concept de résilience. Corneille le définit comme « l’obscurité clarté » tandis que Boris Cyrulnik (neuropsychiatre) comme étant un « merveilleux malheur »

Malgré l’aspect contradictoire, il s’ agit bien de l’apparition d’un évènement traumatisant permettant l’émergence de capacités. Un résilient peut donc se dire heureux d’avoir connu cet évènement.

LA RESILIENCE : UN PROCESSUS

Un des principaux intérêts de la résilience est de mettre l’accent sur les processus de réparation après un traumatisme.

En effet, la reconstruction de l’estime de soi est nécessaire et permet d’éviter la positon de victime. Il est important de chercher à favoriser les ressources individuelles.

En restant prisonnier du passé, le risque est de présenter un syndrome psychosomatique. Heureusement, nous  avons tous un degré de liberté ; et celle-ci va nous aider à chercher à comprendre et à nous développer dans notre environnement.

Cependant, force est de constater que nous ne sommes pas tous égaux, certains sont dans des situations parfois plus complexes et plus difficiles comme, par exemple,  ceux qui vivent dans une précarité sociale, une tragédie familiale, un enfant vivant avec des parents qui crient souvent,.. en effet pendant l’enfance, cette période qui construit la personne, nous avons besoin d’un attachement sécure : « je suis aimé, je suis capable de… », encore que nous voyons aussi des personnes qui à l’age adulte sont résilients et qui pour autant ont traversé des moments voire des crises difficiles pendant leur enfance.

Le processus ressemble fortement à « la courbe de deuil ». dans un premier temps, le deni de la situation traumatisante est protecteur pour ne pas être prisonnier du passé, ne pas avoir peur. De ce statut plutôt statique, nait une phase plus dynamique avec la question du « comment je vais faire pour… ? aller au-delà de ce qui m’est arrivé. Cette phase va consister à affronter la réalité et ainsi devenir résilient.

Reprenant la pensée de Boris Cyrunik, « ce qui détermine la qualité de la résilience est la qualité du lien qui pu se tisser avant le traumatisme ». Les amis, les professeurs, les éducateurs pallieront les carences éducatives des parents en aidant la personne à prendre conscience de ses compétences.

La résilience est la capacité à vivre, réussir, à se développer en dépit de l’adversité. C’est une combinaison de forces intérieures, d’appuis de l’extérieur et d’apprentissage à partir de l’expérience vécue. C’est donc revenir à un équilibre suite au traumatisme.

DEVELOPPEMENT DU RESILIENT

  1. Sentiment d’avoir une base de sécurité interne ; il est important de se sentir en sécurité et aussi d’avoir une personne qui nous soutienne,
  2. L’estime de soi ; elle est fondée sur les compétences et reconnaitre nos réussites est important,
  3. Sentiment de sa propre efficacité ; soit durant notre enfance nos parents nous ont appris à accomplir les tâches de manière autonome, soit ils nous ont maintenu dans l’idée d’être assistés. Le travail de résilience sera d’autant plus fort que nous sommes touchés par l’évènement traumatisant

LES ETAPES D’ UNE PERSONNE RESILIENTE

  1. La révolte intérieure contre le malheur, « je dois trouver une solution »,
  2. Le défi lancé à soi-même, « je suis capable de le faire »,
  3. L’ envie de se montrer fort devant l’entourage, « j’ai réussi ce que peu de personnes sont capables de faire » ,
  4. Sens de l’humour, plaisanterie sur son traumatisme, ne pas se placer comme une victime ou encore se comparer à des personnes plus malheureuses que soi,
  5. Pratique permettant la canalisation des émotions tels que l’art, la spiritualité, la pratique de hobbies,

La résilience n’est pas innée car chacun peut développer la capacité à surmonter un évènement

LA RESILIENCE AU QUOTIDIEN, CA SE TRADUIT COMMENT ?

Il est possible de travailler sur notre capacité à faire face à l’adversité. Ne pas se voir en victime mais bien croire en soi et avoir de la volonté.

  • Bâtir sa confiance en soi, son estime face aux changements,
  • Essayer d’être toujours optimiste, de voir les bons cotés des choses,
  • Trouver un sens à sa vie, ses actions, avoir des buts clairs,
  • Etre flexible et enthousiaste face aux changements,
  • S’entourer de personnes positives qui nous apportent des choses et nous encouragent,
  • Avec une pratique spirituelle méditative, religieuse, sportive,… peu importe, ce qu’il faut c’est avant savoir relativiser et remettre en perspective nos problèmes face au monde qui nous entoure ; c’est aussi développer sa créativité,
  • Etre reconnaissant pour ce que l’on a plutôt que de se plaindre de ce que l’on a pas,
  • Faire le bien autour de soi : du bénévolat par exemple, ne pas s’apitoyer sur son sort,
  • Accepter que l’on ne puisse pas toujours changer les  choses,
  • Ne pas craindre la solitude : vois ces moments comme des étapes qui nous apprennent à mieux nous connaître pour ensuite aller vers les autres,
  • Entretenir son sens de l’humour ; le rire est l’une des choses les plus puissantes et apprendre à rire de toutes les situations permet de littéralement changer notre façon de voir les choses.

Ce n’est pas toujours très facile et très simple, mais c’est donc possible pour chacun d’entre nous de nous développer en ce sens de devenir résilient !!!

Sources :

  • Boris Cyrulnik. 2014,La résilience. De la recherche à la pratique, (avec Marie Anaut),
  • Pierre-Yves BRISSIAUD. 2008, la face cachée de la résiience, guérir vraiment es blessures intérieures
  • Agnès Martin-Lugrnad. 2020,Nos résiliences,
  • Céline Scholl. 2009, 4 piliers pour développer Nomadity Confiance en soi/4 clés pour être résilient.

Plus qu’une capacité de résistance, c’est une volonté de réagir positivement, de construire un modèle qui va renforcer la confiance en soi et son estime personnelle. C’est aussi d’essayer d’être toujours optimiste, de voir les bons côtés des choses tout en trouvant un sens à sa vie avec des buts clairs.

La résilience est la capacité à vivre, réussir, se développer en dépit de l’adversité. C’est une combinaison de forces intérieures, d’appuis extérieurs et d’apprentissage à partir de l’expérience acquise. C’est donc revenir à un équilibre dynamique suite à un traumatisme.

Le traumatisme, c’est la crise sanitaire que nous connaissons en 2020. Encore sous le choc provoqué par le coronavirus, le monde ne se remet pas encore des méfaits économiques de cette crise. Pour autant, le coronavirus avait déjà frappé,  sous le nom de « grippe russe » en 1890,  il a duré trois ans et fait un million de morts à travers le monde. Rappelons qu’à l’époque, on ne circulait pas en avion et il n’y avait pas de vaccin.

Alors, des crises sanitaires, le monde en a déjà connu plusieurs, à peu près une par siècle. Grandes pestes, choléra ou grippe espagnole, elles ont toujours été accompagnées d’une crise économique et sociale remettant en cause les mécanismes du passé. Il est certain qu’il en sera de même cette fois-ci et à chaque fois trois phases distinctes semblent favoriser la reprise.

Résistance

D’abord, celle de la «résistance». Elle consiste dans l’urgence à faire face à l’adversité en cherchant à réduire les impacts en fonction des ressources immédiatement mobilisables. Après un déni plus ou moins rapide, on prend conscience qu’un choc qui semblait jusqu’alors peu probable nécessite désormais de naviguer à vue. On est dans l’urgence, et l’immédiateté prend le pas sur l’anticipation.

 Acculées, les entreprises réduisent la voilure pour limiter la casse ; certaines mettent leurs employés au chômage partiel, d’autres renégocient leurs contrats, arrêtent les voyages d’affaires, retardent les commandes ou attendent la dernière minute pour payer leurs factures, mais toutes réduisent leur cadence. Elles prennent conscience plus que jamais de la limite de leurs ressources et de leur dépendance fragile mais inéluctable à l’environnement qui les entoure. Rares pourtant sont celles qui se figent. Mues par un instinct de survie, elles cherchent à rebondir et font émerger de la difficulté une nouvelle force créative.

Je prendrai pour exemple les entreprises qui, ayant un outil de fabrication à l’arrêt, se sont reconverties pour fabriquer des masques de protection, du gel et des parois en plexiglas pour installer dans les lieux de contacts. La résistance est ainsi une phase de réponse immédiate à la crise qui apporte des solutions qui n’auraient probablement jamais émergé sans elle. Mais qui reste pour nombre d’entreprises, difficile à poursuivre sans soutien.

Remise à zero (reset)

L’entreprise se façonne une nouvelle «proposition de valeurs» au regard de la crise et de sa force de résistance. Pour les plus solides, on passe à la phase de «reset». Sans pour autant être sorti de crise, on peut reprendre un temps son souffle. On consolide, on repense la chaîne d’approvisionnement, localisation de la production,… ; et en termes de commercialisation on accentue les solutions digitales, la livraison à domicile. Le management des équipes prend également une nouvelle forme avec le travail à domicile avec ses avantages et inconvénients.

A ce sujet, nous relèverons que le télé travail est l’un des facteurs associés à une plus forte anxiété (les autres facteurs étant : sexe féminin, âge inférieur à 50 ans, situation financière difficile, être parents d’enfant de 16 ans et moins, avoir un proche ayant des symptômes évocateurs du COVID-19, perception du COVID-19 comme une maladie grave, mauvaise connaissance des modes de transmission du virus, se sentir peu capable d’adopter les mesures préconisées et avoir peu confiance dans les pouvoirs publics).

Une enquête de la Santé Publique/BVA  a été conduite afin de permettre de suivre l’évolution de l’adhésion des Français aux mesures de prévention et d’évaluer la prévalence de troubles psychiques (en particulier anxio-dépressifs) au sein de la population et d’identifier les segments de population les plus vulnérables pendant cette période. Lors de la première vague d’enquête menée du 23 au 25 mars plus d’un quart (27%) des répondants de l’échantillon ressentaient un état d’anxiété. Si le niveau d’anxiété de la population a diminué entre la 1ère et la 2nde vague d’étude, il reste cependant nettement supérieur (22%) à celui observé en population générale en 2017 (13,5%).

En observant l’environnement économique et social, nous observons une prise de conscience des forces qui ont émergé dans l’adversité, dont certaines peuvent être mises au profit d’autrui : capacité d’innovation nouvelle, force collaborative, partage des ressources en sont des exemples. Une solidarité s’installe, un besoin de rassembler, d’être utile. On définit un nouvel horizon, on entrevoit de nouvelles perspectives et on cherche à reconstruire reconstruit un nouveau modèle, lentement mais sûrement. Ce reset ne repart pas de zéro : l’entreprise rebondit grâce son expertise passée, sous l’influence immédiate de son environnement et de sa nouvelle expérience.

3ème phase : la relance

Puis, vient la phase tant attendue de «relance», celle qui paraissait si lointaine en phase de résistance. C’est la phase qui va « panser » la crise pour mieux « penser » l’avenir. On prend le temps d’analyser plus finement son modèle d’affaires au regard d’un environnement économique et social qui a drastiquement évolué. Il faut faire preuve d’un maximum de malléabilité cognitive : on s’inspire de l’histoire pour tenter de ne pas reproduire les mêmes erreurs ; les démarches prospectives se multiplient, on imagine des futurs souhaitables et la manière de les rendre possibles ; on débat des fragilités du passé que l’on ne veut plus rencontrer, on conceptualise un monde idéal qui doit émerger. Cette phase nécessitera de mettre en place un processus d’innovation nouveau, qui tiendra compte de tous les changements écologiques, sociétaux et technologiques, car il ne sera plus possible de faire simplement comme avant. Il faut programmer un nouveau « logiciel » de pensée, de management et de production. On ne repart pas d’une feuille blanche… mais presque.

Une nouvelle économie émerge avec de nouvelles règles et de nouveaux acteurs. Dans cette nouvelle ère qui s’annonce, où  toute l’ interdépendance des acteurs aux flux logistiques et informationnels seront revus, les consommateurs, les entreprises et les institutions étatiques seront toujours impliqués mais de manière différentes. L’opposition au monde d’avant et le mode d’après ne s’opposeront pas mais nous auront plutôt une évolution de notre société et de son économie comme cela se fait depuis des siècles.

 

Sources :

  • Harvard Business Review, 06/2020, article de Xavier Comtesse, PhD en informatique de l’université de Genève et doté d’un master en mathématiques,  et Mathias Baitan, membre du corps professoral à la Haute Ecole de Gestion de Genève (HEG) – University of Applied Sciences and Arts (HES-SO). Directeur du diploma of advanced studies résilience et santé organisationnelle, HR/OD advisor dans le domaine tertiaire. Ph.D, docteur ès sciences économiques et sociales de l’université de Genève.
  • Agence Nationale de Santé Publique France, 12/2020, « Covid19 : une enquête pour suivre l’évolution des comportements et de la santé mentale pendant l’épidemie ».